Parler du vieillissement tout en
parlant de sexualité, cela reste chose rare.
Les enquêtes de population en
témoignent. Elles prennent trop rarement en compte les personnes de plus de 60
ans. Et pourtant, la sexualité ne s’interrompe pas avec la retraite !
La sexualité évolue tout au long de
notre vie. Elle débute dès notre plus jeune âge au travers de la découverte du
corps et du plaisir, se découvre à l’adolescence au travers de l’érotisme et
tend à évoluer tout au long de notre vie en s’adaptant. Les changements de
modes de vie, les modifications corporelles sont autant de variables qui
entrent en compte dans la sexualité.
Je vous propose de creuser cette
question de la sexualité du point de vue de vieillissement. Pour ce faire nous
allons détailler cette réflexion selon trois axes : l’axe biologique,
l’axe psychologique et l’aspect social.
Tout d’abord du point du vue biologique le vieillissement rime avec
ménopause et andropause.
L’andropause, aussi
nommée DALA, se traduit par une baisse des hormones, la testostérone. Cette
baisse peut se traduire du point de vue de la sexualité par :
- - Une baisse du désir (de la libido),
- - Des érections moins rigides,
- - Une baisse de l’envie en général,
- - Troubles de l’humeur (irritabilité, dépression…)
- - Baisse de la force musculaire.
La
ménopause impacte les femmes. Elle est définie par la fin de la période
reproductive pour les femmes. Elle
correspond à une chute plus importante des hormones, œstrogènes et
progestérones. La lubrification s’en voit modifiée car plus longue à obtenir.
Cela peut également impacter le plaisir.
Il est important d’informer pour
proposer des changements et des adaptations de la sexualité : prolonger
les préliminaires pour favoriser la lubrification, savoir prendre son temps,
adapter les positions (dans le cas d’arthrite et d’ostéoporose notamment).
A ces changements peuvent s’ajouter
des pathologies physiques ou mentales qui peuvent impacter la sexualité. Les
médicaments, les angoisses sont autant de facteurs qui peuvent modifier l’envie
et le plaisir.
A savoir, toute dysfonction sexuelle
peut être traitée : par l’utilisation de lubrifiants, de médicaments
(IPDE5 par exemple pour les dysfonctions érectiles), ou de procédés tels que
les implants péniens ou les anneaux. C’est pourquoi il est important d’oser en
parler à son médecin traitant, son/sa gynécologue ou de consulter un-e
sexologue, un-e urologue pour continuer à vivre une sexualité épanouie.
La
sexualité contribue à votre bien être et à votre santé, pour exemple, une étude prouve que l’éjaculation
fréquente permet de diminuer jusqu‘à 1/3 les risques de cancer de la prostate.
L’aspect
psychologique est également à prendre en compte. Le corps change avec les
années, les difficultés à l’accepter peuvent se faire ressentir.
Enfin l’aspect social joue également son rôle. Les attitudes de notre
entourage, l’image qu’ils nous renvoient d’une personne active/inactive. La
retraite peut également être un questionnement sur son rôle et sa place dans la
société. Il est important de se trouver des activités, des occupations pour
continuer à occuper une place. Je m’attarderai sur ce point, il marque un
changement dans le couple : on passe beaucoup plus de temps avec son partenaire,
voir trop pour certain-e à la retraite d’où l’importance de continuer à
cultiver son jardin secret (ses passions, ses envies, continuer à voir ses
ami-e-s…).
Dans d’autres cas, la perte du
conjoint est également un évènement à prendre en compte. La personne change
alors de statut, il/elle devient veuf/veuve. N’oublions pas que cela n’empêche
pas de retomber amoureux/euse. Il n’est pas rare, et bien heureusement, de
rencontrer des patient-e-s qui redécouvrent les joies de l’amour!
Enfin, lorsqu’on est en lien avec la
sphère médicale et paramédicale, l’attitude de certain-e-s soignant-e-s et
le manque d’intimité contribue à un désengagement pour le corps et le plaisir.
Le corps est contrôlé par les professionnel-le-s et est donc désinvesti par la
personne elle-même.
Pour
conclure, il est important de proposer des espaces de paroles, d’écouter
et surtout d’oser mettre en œuvre des politiques de santé sexuelle orientées
pour les personnes vieillissantes.
La santé
sexuelle contribue au bien être et à la qualité de vie d’une personne. Il est
indispensable que les maisons de retraite et les établissements d’accueil
s’interrogent sur cette thématique. Une étude canadienne insiste bien sur le
maintien de l’intérêt sexuel chez des personnes âgées, tout en pointant la fréquence
moins élevée de l’activité sexuelle des aînés vivant en centre d’hébergement
comparativement à ceux vivant dans leur domicile[1].
Petit
conseil, communiquer l’un-e avec l’autre ! C’est important d’expliquer et de partager
avec l’autre ses angoisses, ses désirs
et surtout ses plaisirs !
Bibliographies:
Spector, I. P. ;Fremeth, S. M. (1996). « Sexual
behaviors and attitudes of geriatric residents in long-term care facilities » .Journal
of Sex and Marital Therapy, 22 (4), 235-246.
G. RIBES, (2009), “Sexualité et vieillissement ».
BOZON Michel, BESSIN Marc (2009) , « Les âges de la sexualité,
entretien avec Michel Bozon », Mouvements,
59, pp. 123-132.
MEMBRADO Monique (2010) , "Les expériences temporelles des personnes aînées: des temps différents?", Enfances,
Familles, Générations, n°13.
[1] Spector, I. P. ;Fremeth, S.
M. (1996). « Sexual behaviors and attitudes of geriatric residents in long-term
care facilities » .Journal of Sex and Marital Therapy, 22 (4), 235-246.
SL
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